Hommage à Luis Buñuel au travers de ses premiers films, Un chien Andalou (1929), L'âge d'or (1930) et Las Hurdes (Terre sans pain, 1932).
Trois magnifiques films sur le fil, entre onirisme et crudité, qui ouvrent comme trois coups de couteau l'œuvre du maître espagnol.
> LUIS BUNUEL
Les trois premiers films de Luis Buñuel, Un Chien andalou, L'Age d'or et Las Hurdes (Terre sans pain), constitue une trilogie qui ouvre avec éclat la carrière du plus grand réalisateur espagnol. On peut parler de films précurseurs, puisqu'ils contiennent en eux les clés de l'œuvre de Buñuel : l'inventivité et la singularité dont il a fait preuve pour insérer le surréalisme et le fantastique dans tous ses films et son incroyable capacité à se situer toujours aux plus près des êtres humains, que ce soit dans leurs perversités ou leurs joies, leurs vies misérables ou fécondes.
Luis Buñuel vient en France en 1925 pour faire du cinéma. Il est d'abord l'assistant de Jean Epstein, puis, grâce à de l’argent donné par sa mère, il tourne Un Chien andalou, film de court-métrage. L'idée du film est née fortuitement au détour d’une conversation avec son ami, Salvador Dali. Buñuel raconte : “Dalí me dit : Moi, cette nuit, j’ai rêvé que des fourmis pullulaient dans ma main. Et moi : Eh bien ! Moi, j’ai rêvé qu’on tranchait l’œil de quelqu’un”. Le scénario est écrit en six jours, selon un procédé dont il se souvient ainsi : 'Nous travaillions en accueillant les premières images qui nous venaient à l'esprit et nous rejetions systématiquement tout ce qui pouvait venir de la culture ou l'éducation. Il fallait que ce soient des images qui nous surprennent et qui soient acceptées par tous les deux sans discussion'. Le film est tourné en une quinzaine de jours au mois de mars 1929. Ce montage de rêves enchaînés, sans aucune intervention de la volonté, ouvre au cinéma les portes du surréalisme. Un Chien andalou est un succès sans précédent à Paris.
L'Age d'or, est conçu selon la même démarche, même si Dali ne prend qu'une part réduite à l'élaboration du scénario. Le film est financé par le vicomte et la vicomtesse de Noailles, célèbres mécènes de l’époque, soutiens des surréaliste et de Jean Cocteau. Si dans Un Chien andalou, il n’y a ni critique sociale, ni critique d’aucune sorte, on trouve dans L’âge d’or un parti pris d’attaque des idéaux de la bourgeoisie : famille, patrie et religion. Thème qui deviendra central dans les films de Buñuel. Ainsi qu'un rapport au fétichisme et à l'érotisme qui reviendra dans toute son œuvre. Les surréalistes écrivirent du film qu'il était “un des programmes maxima de revendications qui se soient proposés à la conscience humaine jusqu’à ce jour”. Le film fut un scandale. Sorti en novembre 1930, il provoque la colère des ligues qui attaquent la salle. Il est interdit et les copies sont saisies. C’est seulement en 1981 que le public put redécouvrir les images troublantes de L'Age d'Or.
Pour son troisième film, Buñuel est de retour en Espagne. Terre sans pain (Las Hurdes), unique documentaire du réalisateur est tourné en 1933 dans une région reculée de L'Extrémadure. Ce moyen-métrage, moins connu que les précédents, est pourtant tout aussi remarquable et audacieux. Le film aborde sans aucune concession un sujet peu traité à l'époque : la misère en milieu rural et marque la nécessité absolue d’un changement dans la nouvelle République. Sans scénario préalable, Buñuel se rendit dans la région dix jours avant de tourner. Il en ressort une impression de captation directe, d’images prises sur le vif, encore accentuée par un surprenant montage (fait par Buñuel sur sa table de cuisine), l'usage du gros plan, la piste sonore et la place assignée au spectateur par le film.
Buñuel dira de Las Hurdes : ' Dans ce film, il n’y a rien de gratuit. C’est peut-être le film le moins gratuit que j’aie fait.'
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