UNDERGROUND D’EMIR KUSTURICA «IL ETAIT UNE FOIS UN PAYS»

Beaucoup a été dit et écrit sur Underground, dont le tournage épique dura plus d’une année et qui narre 50 ans de l’histoire d’un pays. Lorsque le cinéaste, Bosniaque musulman d’origine devenu Serbe orthodoxe, reçoit sa seconde palme d’or à Cannes pour ce film, il est au sommet de sa carrière artistique mais l’œuvre est violemment critiquée dans les médias. La guerre civile fait rage en Yougoslavie, on l’accuse d’être un fasciste pro Milosevic et son œuvre de la vulgaire propagande.

Au fil du temps, les esprits se sont apaisés. Ce «Bad Boy des Balkans», provocateur punk et musicien est avant tout un poète. Ses films empreints d’un réalisme magique célèbrent la vie mais la tragédie n’est jamais loin. Kusturica n’est pas historien, plutôt un génial histrion et ce film une flamboyante catharsis empreinte de mélancolie contre la guerre et ses victimes, renvoyant dos à dos les pouvoirs totalitaires, quels qu’ils soient.

Il faut (re)découvrir ce chef-d’œuvre maudit pour ce qu’il est. Qu’est-il au juste, d’ailleurs ? Une farce tragi-comique sur l’histoire d’un pays qui n’existe plus (et n’a peut-être jamais existé dixit le cinéaste), un poème sombre et grinçant sur la condition humaine, une fable politique et caustique sur la naïveté des peuples, une bouffonnerie salutaire, un énergique opéra tzigano-rock, un ménage à trois burlesque, un des plus beaux films sur les années de plomb du communisme, une relecture carnavalesque du mythe de la caverne de Platon, une déclaration d’amour au cinéma, une rêverie humaniste grotesque et sublime, une métaphore des temps présents, une fête infinie… à vous de voir !

Présenté dans une version TV rare en 6 épisodes considérée comme l’originale par son auteur.