1ères Rencontres du Moyen Métrage de Brive
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EDITORIAUX
Pascal
Thomas,
Président de la SRF
Katell
Quillévéré & Sébastien Bailly,
Direction et programmation
Catherine
Legave,
Déléguée générale de la SRF
David Kessler,
Directeur général du CNC
Jean-Paul
Denanot,
Président de la Région Limousin
Jean-Pierre
Dupont,
Président du Conseil général de la Corrèze
PASCAL
THOMAS
Président de la SRF
En imaginant ce festival du moyen métrage, les jeunes
réalisateurs de la SRF ont attiré l’attention sur un trésor,
voire un gisement considérable. Dès les origines, on ne connaît
pas une cinématographie où ce libre format (de 30 à 60 minutes)
ne s’illustre. Il est le cinéma au naturel, marqué surtout
par le surcroît de liberté qu’il offre aux réalisateurs, aux
acteurs et aux équipes. Comme la nouvelle en littérature,
le moyen métrage échappe à la routine. Il est la plus fluide
et la plus expérimentale de toutes les formes. À tel point
que les plus réussis de ces moyens métrages peuvent résumer,
exprimer et contenir le génie de leurs réalisateurs mieux
qu’un long-métrage. Et comme le format exige d’abord l’économie
de moyens, il lui est souvent arrivé de proposer des œuvres
qui par la grâce de leur brièveté, ont touché à l’essentiel.
Ainsi Le Kid, de Charlie Chaplin, dont le tournage
s’étendit sur une année, pour un chef d’œuvre de 50 minutes.
La Croisière du Navigator de Buster Keaton, 6 bobines
(environ 60 minutes), Témoins muets, d’Evguéni Bauer,
certains Dreyer, Ford, Murnau ou la première version de Duel
de Spielberg.
Avec Treno popolare (60 minutes), Raffaello Matarazzo
réussit à nous montrer toute la société italienne du début
des années 30 et crée du même coup le premier film d’une école
appelée à connaître son essor dix ans plus tard : le
néoréalisme. Il suffit de 65 minutes à Naruse pour fixer à
jamais le drame intime du Japon d’avant-guerre dans Toute
la famille travaille, à l’austérité spectaculaire.
Parce que la nature même du cinéma est de styliser, la durée
du moyen métrage lui est parfaitement accordée, juste durée
selon les seules nécessités du récit. Il accueille tous les
genres, comédie, film noir, fantastique et toutes les catégories,
saynètes, pochades, etc.
Le fantastique dense et sourd de Jacques Tourneur avec Cat
people (69 minutes) ou celui de Tod Browning dans Freaks
(64 minutes) semble trouver sa force expressive dans des durées
brèves. Il suffit de 68 minutes à Détour d’Ulmer pour
être le film noir par excellence. Par ailleurs, presque tous
les Laurel et Hardy, les WC Fields, les films les plus cocasses
de Leo McCarey (Putting pants on Philip, Six of
a kind) ont adopté ce format qui semble idéal pour la
comédie. Au temps béni des films de première partie, lesquels
semblaient destinés à un public qui aimait surtout rire, le
cinéma français a produit en abondance des chefs-d’œuvres
de cocasserie dans ce format, interprétés par les plus grands
acteurs de l’époque : Jules Berry, Arletty, Carette,
Armand Bernard, etc. Un petit trou pas cher
d’Yves Mirande, pour ne citer que celui-là, est un pur joyau
jubilatoire, dont l’esprit et la drôlerie se retrouvent aujourd’hui
dans Versailles-Rive gauche, un moyen-métrage lui aussi.
Bien sûr, on n’arrive pas toujours directement au moyen métrage.
Il revenait à Jean Renoir de fournir à l’histoire du cinéma
un des exemples de navigation à l’estime dont il avait le
secret et qui aboutit aux 40 minutes d’Une partie de campagne.
On connaît l’histoire. Le film, dont le tournage fut interrompu,
demeura pendant des années inachevé. Plusieurs fois, le tournage
des plans et des scènes manquants fut annoncé. Jamais effectué.
Finalement, le producteur Pierre Braunberger décida de livrer
le film tel quel, en y ajoutant la fameuse musique de Kosma
qui donne tant de richesse aux longs plans de bord de l’eau.
C’est ainsi que pour toujours, nous allions découvrir ce chef-d’œuvre
de Renoir. Il est achevé bien sûr. Aucun plan ne manque. Il
est à sa juste durée. Le hasard l’a voulu ainsi. Le hasard,
meilleur allié du cinéma, quand celui-ci se trouve sans se
chercher.
KATELL
QUILLEVERE et SEBASTIEN BAILLY
Direction et programmation
Les festivals de cinéma sont des lieux très importants
pour nous. Ils ont formé notre cinéphilie et nous ont transmis
le goût de la rencontre avec des films et leurs réalisateurs.
Depuis quelques années, lors de nos passages dans les festivals
de courts métrages, nous étions tous les deux saisis par un
même phénomène. Parmi les courts métrages que nous aimions,
ceux qui nous restaient en mémoire, qui continuaient à nous
habiter longtemps après la projection, étaient pour la plupart
des moyens métrages. Il nous semblait que derrière certains
de ces films, se tenaient des réalisateurs qui travaillaient
la durée comme une nécessité. Avec cette liberté de temps
prise sur la norme, sur ce qu’on attendrait d’eux, les réalisateurs
avaient peut-être trouvé la possibilité de déployer leur mise
en scène, de montrer les êtres autrement, de raconter d’autres
histoires.
Au cours de nos discussions avec les réalisateurs de courts
métrages de la SRF, la place de ces films revenait souvent.
Tout en cherchant à saisir les lignes de force qui pouvaient
les unir ou les désunir, nous nous demandions comment ils
parvenaient à exister. Paradoxalement, si le moyen métrage
a révélé un nombre important des jeunes cinéastes français,
comme Arnaud Desplechin, Alain Guiraudie, les frères Larrieu,
Bruno Podalydès, et bien d’autres, il est le format qui connaît
le plus de difficulté à se financer, puis à trouver sa place
sur les écrans.
C’est de ce constat à la fois économique et artistique qu’est
né notre projet, et du désir de consacrer un lieu privilégié
au moyen métrage, convaincus qu’il y aura toujours des histoires
de cinéma qui ont pour durée celle qui leur est nécessaire ;
convaincus que ces films doivent être vus, et qu’une telle
initiative peut être le moteur d’autres soutiens.
Dans un esprit d’ouverture, la programmation accueillera des
films sur tous supports et sans aucune distinction de genre,
car il a toujours été question pour nous, dans notre cinéphilie,
de vision et de choix de mise en scène, plutôt que de catégorie
ou de support d’expression.
Ces rencontres seront aussi l’occasion de se demander quelle
fut la place du moyen métrage dans l’histoire du cinéma, à
travers des rétrospectives et des thématiques.
Plus largement, ce projet naît du désir d’encourager et de
soutenir les réalisateurs qui font l’expérience du moyen métrage
pour que le film court soit un espace de renouvellement et
de liberté.
Car ce festival est avant tout un festival de réalisateurs
qui a pour vocation de placer au centre les questions de création
et de les faire partager au public.
CATHERINE
LEGAVE
Déléguée générale de la SRF
Les premières Rencontres du moyen métrage de Brive constituent
une étape importante de la vie et du développement de la SRF.
Des noms prestigieux jalonnent l’histoire du court et du moyen
métrage. Le moyen métrage fut pour certains cinéastes ce que
la nouvelle est pour de grands écrivains. L’enjeu est d’en
faire, au même titre que le court, un domaine à part entière,
mais avec ses caractéristiques propres, sa capacité à installer
une narration sans nécessiter une économie aussi complexe
que celle du long métrage.
Depuis quelques années, une nouvelle génération de cinéastes
s’est emparée d’une idée héritée d’un passé prestigieux et
que les temps présents ont confirmé dans son rôle de pépinière
et de laboratoire créatif. Une énergie nouvelle, comme en
témoigne le succès critique et public d’œuvres récentes, se
devait d’être mieux valorisée, reconnue, tant par la presse
que par les professionnels et le grand public.
C’est le rôle que s’est donné le nouveau festival de Brive.
Situé dans une région qui a su développer des modes inédits
de formation et d’incitation à la découverte de nouveaux talents,
il devrait accélérer ce processus de reconnaissance et installer
durablement le moyen métrage dans le paysage cinématographique
national, voire européen.
À la reconnaissance que la profession accorde au moyen métrage
à travers de nouveaux modes de financement et de diffusion,
à l’effort courageux de producteurs et d’exploitants, viendra
désormais s’ajouter ce festival voulu, conçu et monté par
une jeune équipe enthousiaste.
Gageons que la nouvelle génération qui émerge, si utile à
toutes les formes d’expression artistique et vitale pour la
SRF, prouvera, au fil des années, la place grandissante du
moyen métrage dans la création cinématographique nationale
mais aussi dans le développement culturel du Limousin que
nous devons remercier d’avoir, dans ce domaine comme dans
d’autres, su jouer un rôle de pionnier.
DAVID
KESSLER
Directeur général
Centre National de la Cinématographie (CNC)
Fidèle à sa vocation initiale, la SRF s’attache à défendre
les conditions d’indépendance et d’innovation indispensables
à la création cinématographique.
C’est dans cet esprit qu’elle crée cette année les Rencontres
de Brive avec la volonté d’explorer le territoire du moyen
métrage et d’organiser la réflexion sur la place de ce type
d’œuvre dans l’histoire du cinéma et sur les conditions actuelles
de leur production et de leur diffusion.
Le secteur du court métrage sera également au cœur des débats
avec des questions qui s’imposent depuis peu avec un regain
d’acuité tant aux professionnels qu’aux pouvoirs publics,
à savoir la diversité et le renouvellement du genre.
Le CNC a souhaité être partenaire de ces Rencontres pour connaître
le point de vue des professionnels et nourrir sa propre réflexion
sur ce sujet.
Je suis certain que les trois tables rondes organisées à Brive
permettront des échanges très fructueux et j’adresse tous
mes vœux de succès à l’équipe de la SRF pour ces premières
Rencontres.
JEAN-PAUL
DENANOT
Président du Conseil Régional Limousin
« Qu'on me permette ici de saluer la création du
premier festival de cinéma en région Limousin « Les Rencontres
du moyen métrage de Brive : Le temps du cinéma ».
C'est le 28 mai que va s'ouvrir la première édition de ce
festival, un événement important qui a le double avantage
d'être nouveau en Limousin et d'être nouveau en France. Les
collectivités territoriales, et à côté d'elles l'Etat, ont
ensemble saisi la proposition faite par la Société des Réalisateurs
de Films de créer un festival de cinéma.
Hasard du choix de notre région dans cette proposition ? Je
ne le crois pas. Parce que des jeunes réalisateurs de la région
sont membres de la Société des Réalisateurs de Films, j'aime
à penser que, soutenus dans leurs premiers efforts de cinéastes
grâce au développement déterminé d'une politique régionale
du cinéma et de l'audiovisuel, politique accompagnée par le
Centre National de la Cinématographie, ils font là un signe
à leur région d'origine.
Les ambitions de ces Rencontres dépassent le cadre régional.
En effet, si la catégorie "moyen métrage" des films
proposés pendant ces cinq jours donne une connotation professionnelle,
ce choix original permet d'emblée au Temps du Cinéma de prétendre
à une notoriété nationale.
Ensuite, parce que ces Rencontres vont le plus simplement
du monde donner à tous, et au public limousin au premier chef,
la possibilité de découvrir des films, parfois connus et reconnus,
mais aussi souvent méconnus. Ces films —et c'est une des raisons
de la naissance de ce nouveau festival— trouvent peu d'espace
dans les salles de cinéma classiques alors que leur qualité
en fait des films à part entière.
Je souhaite donc un plein succès à ce jeune festival. »
JEAN-PIERRE
DUPONT
Président du Conseil Général de Corrèze
« Le Conseil Général de la Corrèze est toujours au
côté de ceux qui innovent, qui créent. Aussi nous sommes très
heureux d’accueillir dans notre département un festival du
moyen métrage.
En effet, voilà cinq ans, l’Assemblée Départementale adoptait
le principe d’intervention sur la création cinématographique
en Corrèze. À ce jour, une quinzaine de projets ont été accompagnés,
selon des critères bien définis (accompagnement de jeunes
réalisateurs corréziens, soutien aux projets de films tournés
en Corrèze…).
Si la culture, au sens large, trouve une place prépondérante
dans les diverses manifestations soutenues sur notre Département,
le cinéma, lui, ne connaît pas encore de festival qui lui
soit entièrement dédié.
Pour nous, la création d’un événement annuel spécialement
consacré au 7e art, et plus particulièrement au
format du moyen métrage, revêt d’autant plus d’importance
qu’il s’inscrit désormais dans le cadre d’une politique renforcée
du département en faveur du cinéma et de l’audiovisuel.
Outre l’opportunité et la pertinence de soutenir un nouvel
espace de rassemblement en Corrèze et en région, cette rencontre
en direction du public et des professionnels permettra à ce
format original de connaître une véritable vitrine nationale.
En effet, depuis le début des années 90, un grand nombre de
réalisateurs expérimentent cette forme alternative (films
d’une durée comprise entre 30 et 60 minutes) avant de passer
directement au long métrage.
Certes, notre culture cinématographique est majoritairement
organisée autour du long métrage mais il ne faut pas oublier
qu’à ses débuts, la forme courte était la dominante du cinéma.
Comme nous pouvons le constater, la problématique cinématographique
subsiste toujours sur le fond comme sur la forme : en
quelque sorte l’histoire et le temps du cinéma.
Nous sommes donc fiers d’être présents, tout comme les différents
partenaires territoriaux, auprès de la Société des Réalisateurs
de Films (SRF), instigatrice de la Quinzaine des Réalisateurs
à Cannes, afin que cette initiative soit une réussite et s’inscrive
dans la durée.
Nous vous donnons tous rendez-vous au cinéma Le Rex à Brive-La-Gaillarde,
du 28 mai au 1er juin 2004, pour vous faire découvrir
des œuvres singulières et différentes dans le cadre de ce
festival original : Le Temps du Cinéma ».
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