LES RENCONTRES DU MOYEN METRAGE
DE BRIVE
La vocation de la Société
des Réalisateurs de Films a toujours été de créer de nouveaux
outils pour permettre au cinéma indépendant d’exister et
d’être vu dans un contexte économique européen et mondial
en continuelle transformation.
C'est ainsi qu'aura lieu, à l’initiative de la SRF, la première
édition des Rencontres du moyen métrage de Brive du 28 mai
au 1er juin 2004. Conçues comme un nouvel espace inédit
de rassemblement consacré au moyen métrage, elles offriront
à ces films un véritable espace de diffusion, et permettront
l'émergence de nouveaux auteurs. Ce festival répond également
aux intérêts des professionnels et des institutions.
Un support présent dès
les origines du cinéma
Le moyen métrage est le support le moins connu du public
bien qu’il soit, avec le court métrage, l’un des supports
originels du cinéma. Il est de tout temps des univers, des
histoires, qui se racontent en trente, quarante ou cinquante
minutes.
Les premiers cinéastes du temps du muet ainsi que de nombreux
réalisateurs contemporains se sont exprimés dans ce format
bien particulier. Des films de Renoir, Murnau, Hitchcock,
Scorsese, Tati, Marker, Depardon, Mekas, pour ne citer qu'eux,
ont marqué l'histoire du cinéma.
Les moyens métrages sont légalement considérés comme des
courts métrages. La législation ne reconnaît aujourd’hui
que deux formats, le court-métrage de 0 à 60 minutes et
le long métrage, au-delà de 60 minutes.
La dénomination “moyen métrage” est véritablement apparue
ces dernières années. Sa durée communément admise par la
profession oscille entre 30 et 60 minutes.
La résurgence d’un support
Depuis le début des années 90 on assiste à une résurgence
de ce support, avec la distribution en salle de films comme
La Vie des morts d’Arnaud Desplechin, Versailles-Rive
gauche de Bruno Podalydès, Du soleil pour les gueux
et Ce vieux rêve qui bouge d'Alain Guiraudie, La
Brèche de Roland des frères Larrieu, et dernièrement
Demi-tarif d'Isild Le Besco.
D’autre part on remarque que ces trois dernières années,
beaucoup de ces films ont fait de très belles carrières
dans les festivals. On pense évidemment aux films comme
Candidature d’Emmanuel Bourdieu, À la vitesse
d'un cheval au galop de Darielle Tillon, Antoine
travaille de Philippe Chapuis, et La Pomme, la figue
et l'amande de Joël Brisse.
En 2003, le moyen métrage de Gérald Hustache-Mathieu, La
Chatte andalouse, a obtenu le Prix du Public dans deux
des plus importants festivals de courts métrages français,
Brest et Clermont-Ferrand. Le Grand Prix du jury de Clermont
a également été décerné à un moyen métrage, La Patience
d’une mère de Dodine Herry-Grimaldi.
Un outil de réflexion
Les Rencontres de Brive-la-Gaillarde se saisissent de
ce phénomène pour permettre au public de découvrir ou redécouvrir
un support qui est au centre de la création cinématographique.
Elle souhaite également répondre au paradoxe que vit actuellement
le moyen métrage : sa diffusion en salles et en festivals
reste difficile, malgré la qualité artistique de nombre
de ces films et la découverte de vrais auteurs.
Ces Rencontres, qui seront aussi l'occasion de développer
auprès du jeune public le goût du cinéma et de l’initier
à la diversité de la création, créeront une passerelle supplémentaire
entre le court et le long métrage, entre les différents
supports de création, entre le public et les professionnels.
Elles se veulent un nouvel outil de réflexion au service
de la diffusion des films dans toute leur diversité.
Initiatives en faveur
du moyen métrage
Il s’avère que depuis plusieurs années, institutions
et diffuseurs ont eu des initiatives allant dans le sens
de ce choix.
La chaîne ARTE a ouvert une case hebdomadaire sur le câble
consacrée exclusivement au moyen métrage. Depuis janvier
2004, un espace sur le hertzien lui est également consacré,
entraînant une augmentation des pré-achats et achats.
Le CNC a créé “l’aide au programme d’entreprise” qui
facilite depuis trois ans la production de films, sans contrainte
de durée ou de sujet. On constate que cette aide permet
chaque année à de nombreux moyens métrages de voir le jour.
En 2003, 43 films ont bénéficié de cette aide, 21 d'entre
eux étant des films de plus de trente minutes.
Le Thécif a également créé une aide spécifique pour la post-production
des moyens métrages.
Depuis janvier 2003 le dispositif de diffusion Une heure
tout court, créé par l’Agence du court métrage en partenariat
avec des regroupements de salles, permet de montrer des
moyens métrages dans des salles des régions du Sud, de l'Ouest
et d'Ile de France. Et ce dans un cadre économique adapté,
assez proche de la diffusion du long métrage.
Explorer le cinéma
Aujourd'hui pour un réalisateur, oser le moyen métrage,
c'est se donner le temps de créer une atmosphère, les moyens
d'explorer le cinéma et ses récits, ses formes.
Pour un producteur, produire un moyen métrage c'est l'occasion
de donner vie à des histoires autres que celles qui se traitent
dans des formats plus courts ou plus longs. C'est prendre
le risque d'un public restreint en raison du peu de possibilités
de diffusion encore offertes à ce format.
Écrire, réaliser, produire et diffuser un moyen métrage
aujourd'hui, c'est faire le pari de la création en dehors
des schémas habituels. Chaque année, un nombre de plus en
plus important de réalisateurs et de producteurs font ce
choix, signe indéniable que ce format est devenu ou redevenu
une nécessité artistique.